FOOTBALL

Mercredi soir, à Montpellier, l'équipe de France affronte pour la première fois de son histoire la Côte d'Ivoire. Au-delà de l'effervescence née des retours en bleu de Zinedine Zidane, Lilian Thuram et Claude Makelele, ce match amical est surtout l'occasion de voir où en sont les Français avant d'aborder, début septembre, leurs quatre dernières rencontres capitales en vue de la qualification au Mondial 2006. Face à des Eléphants pétris de talent, les Bleus vont passer un vrai test à la Mosson. Exactement ce qu'il leur fallait...

"Pour moi, la Côte d'Ivoire est la prochaine équipe championne d'Afrique. C'est l'affiche qu'il fallait. Ce sera un bon match de préparation." Les mots sont de Thierry Henry, fin connaisseur de la valeur de l'adversaire pour évoluer tous les jours aux côtés de Kolo Touré à Arsenal. Si pour beaucoup, ce France-Côte d'Ivoire, placé en plein mois d'août à Montpellier, et qui va voir les retours des Zidane, Thuram et Makelele chez les Bleus, ressemble à un match de gala, il n'en est rien. Car, le strass et les paillettes qui entourent actuellement le retour des «anciens» ne doit pas faire oublier que la France se trouve dans une position alarmante à dix mois du coup d'envoi de la Coupe du Monde en Allemagne.

A quatre journées du terme des éliminatoires au Mondial 2006, les Tricolores sont virtuellement hors-jeu. Quatrièmes du groupe 4 derrière l'Eire, la Suisse et Israël, les Bleus sont contraints de signer un sans-faute lors de leurs quatre derniers matches s'ils ne veulent pas regarder la Coupe du Monde devant leur poste de télé. "Les états d'âme, les palabres, cela ne m'intéresse pas. Il n'y a que la qualification", lance un Raymond Domenech qui sait que ce match amical est la seule répétition avant la réception des Iles Féroé le 3 septembre à Lens, et surtout le périlleux déplacement à Dublin quatre jours plus tard.

Retrouver un fond de jeu

Onze ans jour pour jour après les grands débuts de Zidane et Thuram sous le maillot bleu un certain 17 août 1994 à Bordeaux face à la République tchèque (2-2, deux buts de Zizou), l'équipe de France entame, bien que cela puisse paraître paradoxal, une nouvelle ère. La reconstruction entamée par Raymond Domenech, intronisé à la tête des Bleus le 12 juillet 2004, va prendre une nouvelle orientation. Lui, qui avait tenté à plusieurs reprises de convaincre les néo-retraités internationaux de revenir sur leur décision, ne peut que se réjouir du retour de deux champions du monde 98, plus Makelele, venus pour sauver la nation.

Ces retours vont évidemment engendrer des changements dans la composition de l'équipe. Lilian Thuram, replacé dans l'axe, aux côtés de Boumsong, va reprendre place au sein d'une défense qui n'a encaissé qu'un but en six matches d'éliminatoires mais qui a parfois montré quelques signes de fébrilité. La présence de l'arrière de la Juventus doit apporter un vrai plus pour solidifier le bloc défensif. Le milieu de terrain va lui être modifié de moitié. Makelele va reprendre son rôle de récupérateur avec Patrick Vieira, tandis que Zidane redevient le meneur de jeu naturel, même si Vikash Dhorasoo évoluera à ses côtés.

Bien que les résultats des Tricolores ces derniers temps n'avaient rien de bien rassurant, il faut garder à l'esprit que les Bleus ont raté leur Euro grec l'été dernier avec Zidane, Makélélé, et Thuram. Si une défaite en quart de finale face aux futurs lauréats du trophée n'a pas de quoi faire rougir, les prestations livrées par les Français ont souvent été très médiocres. Face à la Côte d'Ivoire, les Bleus, ancienne et nouvelle génération, ont donc l'opportunité de repartir ensemble sur de bonnes bases et de retrouver des automatismes et de la confiance avant les matches couperets en Irlande (7 septembre) et en Suisse (8 octobre) notamment.

Drogba motivé pour battre les Bleus.
Mais la Côte d'Ivoire n'a rein d'un faire-valoir. Considérée comme la meilleure équipe africaine du moment, la formation entraînée par un ex-sélectionneur des Bleus, Henri Michel, pointe en tête du groupe de qualification au Mondial le plus relevé de la zone-Afrique. Avec deux points d'avance sur le Cameroun et six sur l'Egypte à deux journées de la fin des éliminatoires, les Eléphants ont leur destin en main. Le 4 septembre à Abidjan, un succès face au Cameroun les enverrait tout droit en Allemagne pour y disputer la première Coupe du Monde de leur histoire.

Avec des joyaux comme Drogba, Kalou, Dindane ou encore Zokora, les Ivoiriens n'ont pas grand chose à envier aux plus grandes équipes d'un point de vue technique et au niveau des individualités. "Au niveau international, on n'a pas encore affronté de grandes nations européennes. C'est pour cela que ce match peut être un tremplin", déclare Gilles Yapi-Yapo, le milieu de terrain du FC Nantes. Décidément, les deux équipes ont la même ambition.

Pour Zinedine Zidane, "l'équipe de France n'a pas eu ce petit brin de chance qui aurait permis d'avoir cette tranquillité pour gagner un match. On sait que la confiance est peut-être plus importante que tout le reste. Il ne manquait pas quelqu'un de particulier. Tous ces joueurs sont bons avec leur club, mais le niveau international, c'est autre chose. Sur le terrain, il faut qu'on soit tous solidaires et qu'on retrouve un certain état d'esprit." C'est maintenant ou jamais.